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Mise à jour le : 11/04/2024
Jung-Hung Kim, chercheuse au sein de l’Institut coréen de recherche polaire (KOPRI) en Corée du Sud, effectue actuellement une mobilité de neuf mois à l’université de Bordeaux dans le cadre du programme Visiting Scholars. Elle raconte son expérience.
Experte reconnue en géochimie organique - elle a mis au point de nouveaux biomarqueurs lipidiques utilisés en paléoocéanographie et en paléoclimatologie - Jung-Hung Kim est accueillie au laboratoire Environnements et paléoenvironnements océaniques et continentaux (EPOC) dans l’équipe Paléoclimats.
Jung-Hung Kim : Mes recherches actuelles sont axées sur l'étude des changements survenus dans les fjords arctiques du Svalbard. La majeure partie de ma mobilité sera consacrée à l’analyse de charbon de bois et de foraminifères benthiques issus de cette région. Ce séjour me permettra de renforcer ma collaboration avec l’équipe locale. J'ai également proposé des activités pédagogiques et notamment des cours aux étudiants du Master Sciences de la mer sur l’amplification du changement climatique en Arctique et aux étudiants du Master marine, environnement et ressources sur le paléoclimat.
JHK : Nous avons besoin de données pour faire des modélisations de futurs changements liés au dérèglement climatique. Les données en notre possession remontent seulement à 1860. C’est déjà une bonne base, mais c’est très peu si on prend en compte l’âge de notre planète. Je suis géologue et paléoocéanographe de formation. Je m’intéresse aux périodes plus anciennes, remontant à l’âge de glace et au-delà. Cela permet d’étudier des tendances plus longues et de comprendre l’état actuel de notre climat.
JHK : L’Institut polaire international est situé sur l’archipel de Svalbard. C’est un espace de recherche libre qui ne nécessite aucune autorisation. Du point de vue scientifique, c’est une région très sensible qui relie les terres du Nord à l’Arctique. Elle a connu d’importants changements dans le passé et subit de très rapides changements aujourd’hui. De manière générale, l’Arctique se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne sur la planète.
Ce programme vise à impulser de nouvelles collaborations et partenariats internationaux en recherche et en formation entre l’université de Bordeaux et des institutions à l’étranger. Les projets de mobilité proposés par les candidats doivent s’articuler conjointement autour de la recherche et de l’enseignement, dans tous domaines.
En savoir plus
Nous aimerions poursuivre la collaboration dans le cadre d’un doctorat. Nous envisageons de soumettre un sujet de thèse à l’école doctorale Sciences et Environnements et nous avons déjà une très bonne candidate.
JHK : En effet. La science est fondée sur les données. Mais la reconstruction et l’interprétation des données nécessitent de l’imagination, c’est-à-dire la capacité de produire des hypothèses. Cependant dans le milieu scientifique, cette capacité d’interprétation est étroitement liée à l’état actuel de connaissances. Les hypothèses sont constamment remises en question par des pairs et doivent être validées par d’autres données. Certaines apparaissent et d’autres disparaissent avec l’avancement de la science.
JHK : De postuler bien entendu ! Ce programme est une belle opportunité de financement pour faire avancer sa carrière scientifique et pour développer des collaborations internationales. J’ai profité de mon congé sabbatique pour faire une mobilité longue, qui, en temps normal, ne serait pas possible à cause des engagements dans mon institution d’origine. Qui plus est, Bordeaux est une ville très agréable à vivre, malgré le fait que, cette année, nous n’avons pas été gâtés par le temps !
A l'université de Bordeaux, la recherche sur l’évolution du climat ne s’appuie pas forcément sur des modélisations mais sur l’acquisition et le traitement des données. C'est un atout !
Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce Master ?
AC : Étant titulaire d'une double licence, je voulais faire un Master multidisciplinaire. J’ai été particulièrement attiré par le fait qu’à Bordeaux on étudie le marin profond (supérieur à 250 mètres, pleines abyssales etc.) alors que d’autres universités se basent sur le côtier. Ici la recherche sur l’évolution du climat ne s’appuie pas forcément sur des modélisations mais sur l’acquisition et le traitement des données. Elles sont comparées à celles du passé. On part du principe que ce qui va se passer dans le futur est lié à ce qui avait eu lieu dans le passé.
TS : J’ai obtenu la licence Sciences de la Terre mais j’ai toujours eu une forte affinité avec l’hydrologie et le maritime. La paléoocéanographie m’attire tout particulièrement, surtout dans le contexte actuel de recherche sur le climat et la veille du GIEC. Le fait d’aller étudier l’infiniment petit pour déduire l’infiniment grand, c’est-à-dire aller chercher dans le microscopique, dans les marqueurs bio et géochimiques pour aller déduire des processus et phénomènes à de très grandes échelles, me fascine.
Que vous ont apporté les cours de Jung-Hung Kim ?
AC : J’ai aimé découvrir ses sujets de recherche et le travail du KOPRI. J'ai pu prendre contact pour mon stage de Master. Cela me permettrait d’avoir un bon aperçu de leurs méthodes de travail - et de la culture coréenne - et de voir si je peux envisager une thèse là-bas.
TS : J'ai pu poser mes questions sur les biomarqueurs, le sujet de mon futur stage. À la fin du cours, je suis allé voir ses sujets des recherches, à quelle équipe elle appartient, etc. Le KOPRI fait beaucoup de choses intéressantes !