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Pourquoi écrire dans The Conversation ?

Mise à jour le :

The Conversation France offre une occasion unique de partager son expertise avec un large public, grâce à un accompagnement journalistique dédié. Des centaines de chercheuses et chercheurs de l’université de Bordeaux ont déjà publié dans ce média en ligne. Retour d’expérience avec six d’entre eux.

Photo : 438 articles ont été publiés par 231 autrices et auteurs de l’établissement depuis que le site français de The Conversation a ouvert © université de Bordeaux
438 articles ont été publiés par 231 autrices et auteurs de l’établissement depuis que le site français de The Conversation a ouvert © université de Bordeaux

La cryptomonnaie de Donald Trump, l’incendie du centre de tri de Paris, la révolte des étudiants serbes ou encore la vidéosurveillance algorithmique sont autant de sujets récents traités par des chercheurs et enseignants-chercheurs de l’université de Bordeaux dans The Conversation France (TCF). Ce média en ligne propose des articles grand public écrits par des chercheurs, en collaboration avec une équipe de journalistes, afin d’éclairer l'actualité grâce à une expertise fondée sur la recherche. Depuis que The Conversation a ouvert une édition française en septembre 2015, 438 articles ont été publiés par 231 autrices et auteurs de l’établissement pour un total de plus de 7 millions de vues. Les articles – publiés sous licence Creative Commons — peuvent être repris, en ligne, par différents médias (Sud Ouest, Ouest-France, 20 Minutes, Slate.fr, La Tribune, etc.).

Diffuser la recherche autrement

Alors pourquoi et comment collaborer à ce média avec lequel l’université de Bordeaux a signé un partenariat en 2020 ? Six auteurs réguliers ou nouveaux partagent leur expérience. La plupart d’entre eux insistent sur l’intérêt de pouvoir aller toucher un public nouveau à travers ces articles. À l’image de Clément Reversé, sociologue associé au Centre Émile Durkheim et auteur à ce jour de l’article le plus lu de l’université, Dans les campagnes, pourquoi les jeunes se détournent-ils des lieux publics ? (publié en 2022 avec plus de 700 000 vues notamment sur le site de Ouest-France), qui explique « croire au travail de "vulgarisation", mais surtout dans l’importance de diffuser nos travaux académiques ». S’adresser au plus grand nombre pour « démontrer l’utilité sociale de sa recherche voire même influencer le débat public », c’est aussi ce qui motive Jean-Marie Cardebat, professeur d’économie à Bordeaux Sciences Économiques (BSE) et directeur du département de recherche Évaluations, comportements et organisations – ECOR. Spécialiste de la filière viti-vinicole, il a récemment publié deux articles en lien avec la guerre commerciale entre les États-Unis et l’Europe. De son côté, Anthony Goreau-Ponceaud, maître de conférences en géographie au Laboratoire des Afriques dans le monde (LAM), s’est appuyé sur un constat. « Lors des attentats de Pâques en avril 2019 à Sri Lanka, j’avais été sollicité par de nombreux médias (France Inter, France 24, Marianne…). J’ai souvent donné une suite favorable à leurs demandes. Néanmoins j’ai souvent été surpris, concernant les médias papier, par la retranscription des propos qui était sélective et donc très peu fidèle à l’idée soutenue. Cet épisode a véritablement constitué mon envie pour écrire dans The Conversation. » Concernant le choix des sujets, ils viennent « en grande partie de la rencontre entre une actualité et une recherche ou un thème de recherche, à savoir une compétence » indique Jean-Marie Cardebat.
 

Éclairer l’actualité

C’est la sortie d’un film évoquant le dilemme d’une judokate iranienne face à une adversaire israélienne qui a influencé Tiphaine Gingelwein, doctorante en STAPS au laboratoire Cultures éducation sociétés (LACÈS) pour son tout premier article en octobre dernier. « Après le visionnage de Tatami, mes co-directeurs de thèse et moi-même avons pensé que certains sujets abordés dans le film méritaient que l’on s’y intéresse. J’ai choisi la question de l’influence de la géopolitique sur les athlètes et les compétitions - en l’occurrence, dans le monde des luttes sportives - car c’est une thématique qui transparaît parfois dans les médias, mais sans être accompagnée des explications nécessaires afin d’en saisir tous les enjeux. La rédaction d’un article dans The Conversation nous a ainsi paru pertinente dans un souci de vulgarisation du sujet à l’intention d’un public non spécialiste. »

Alexandre Frambéry-Iacobone, chercheur associé à l’Institut de recherche Montesquieu (IRM), a choisi lui de mettre en valeur ses recherches tout en apportant des éclairages accessibles sur des sujets d’actualité. Il cite trois exemples marquants : le défaut d’intention dans l’affaire Dupond-Moretti, en lien direct avec sa thèse, la dissolution de l’Assemblée nationale pour rappeler l’importance des législatives dans un régime parlementaire et l’usage vide du mot « wokisme » après la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques cet été, motivé par un sentiment d’« agacement, face à un déferlement de violence injustifié et la mobilisation d’un terme, wokisme, signifiant vide. L’envie était donc ici de démontrer en quoi le mot était vide et mal employé, tout en mettant en avant les recherches sur le genre menées au sein du projet HLJPGenre ».

 

Même si la rédaction de TCF publie un appel à articles tous les mercredis et passe parfois des commandes directement à certains auteurs, Matys Verlant, doctorant en STAPS au LACÈS et en sociologie des religions à l’université Laval au Québec et lecteur assidu du média depuis de nombreuses années, tient à souligner la grande liberté dans le choix du sujet.
Dans le cadre de la résidence d’écriture organisée chaque année à l’université par les départements de recherche en sciences humaines et sociales à l’initiative de CHANGES, « j'ai eu carte blanche pour choisir le thème et l'angle. La confrontation avec de multiples lectures venues d'autres disciplines des SHS pendant cette semaine m'a aidé à proposer une première version déjà "vulgarisée". Toutefois, l'accompagnement éditorial a été décisif. Sans dénaturer la version que j'avais soumise, la journaliste avec qui j'ai travaillé a proposé une restructuration partielle de l'article et de nombreux changements de formulation. Il s'agissait avant tout d'expliciter, de rendre logique et fluide. »

8000 signes et accompagnement éditorial

Il précise aussi que grâce au suivi rapide et au logiciel facile d’accès de TCF, la version a été finalisée en quelques jours seulement et publiée dans la foulée. La « seule difficulté est de respecter le format, assez court — 8000 signes, ce qui nécessite de vulgariser au mieux le propos », pour Anthony Goreau-Ponceaud, qui a publié en début d’année des articles liés à Mayotte, et qui reconnaît l’avantage de « pouvoir insérer des liens hypertextes qui peuvent renvoyer à une très grande variété de ressources. » Ce format condensé est aussi propice à une rédaction plutôt rapide, constate Tiphaine Gingelwein. « Une fois l’article rédigé, on le soumet à la rédaction, qui le met en page et peut demander quelques modifications. L’article est publié lorsque la rédaction l’approuve et que l’auteur donne son feu vert. » L’accompagnement éditorial est d’ailleurs largement salué par les auteurs. Matys Verlant insiste sur la qualité du processus collaboratif mis en place. « Si le nom du journaliste co-auteur n’apparaît pas, il faut reconnaître qu’il s’agit là d’un véritable travail de co-écriture, bienveillant et efficace. » De son côté, Anthony Goreau-Ponceaud concède que l’accompagnement s’avère particulièrement utile pour le choix du titre, même si, selon lui – et ce sera sa seule réserve – « ce choix est associé à un souci de nombre de vues et de reprises dans les autres médias ».
Pour l’ensemble des auteurs interrogés, publier dans The Conversation représente une opportunité d’accroître la visibilité de leurs travaux, bien au-delà du cadre strict des revues scientifiques, note Clément Reversé. Jean-Marie Cardebat évoque notamment les reprises dans la presse quotidienne, qui peuvent mener à des invitations en radio ou à la télévision. Anthony Goreau-Ponceaud appuie sur le fait que TCF permet de « sortir du cadre très normé des publications académiques » et d’engager un véritable travail de vulgarisation sur mesure, avec des retombées concrètes : invitations à des émissions, interactions avec le public via les commentaires et prise de conscience du fossé entre savoir savant et réception profane.

Les 10 articles les plus lus de l'université de Bordeaux © The Conversation
Les 10 articles les plus lus de l'université de Bordeaux © The Conversation

Une visibilité et des impacts

Après la publication de son article, Tiphaine Gingelwein témoigne avoir été interrogée sur ses travaux lors d’événements auxquels elle a participé et reçu des sollicitations de personnes découvrant son champ de recherche via ce canal. Alexandre Frambéry-Iacobone parle d’un « bilan éminemment positif » : ses articles ont été repris dans d’autres médias, suscitant des demandes d’interviews, de collaborations, voire de traductions internationales, comme des parutions en japonais ou des interviews pour EuroNews ou Voice of America. « J’ai senti le côté utile de la recherche, lorsqu’elle sort des murs universitaires trop souvent cloisonnés. » Mais il rappelle aussi que cette exposition médiatique accrue n’est pas sans risque : à la suite de son article sur les Jeux olympiques à l’été 2024, il a fait l’objet d’un harcèlement numérique contre lequel il a dû mettre en place des mesures de sécurité numérique renforcées. Plus positivement, le jeune chercheur a été mis en avant dans le rapport d’impact 2024 de The Conversation dans la rubrique « Vu de l’étranger ». En effet, la chaîne de TV Een Vandaag (Pays-Bas) l’a interviewé entre les élections européennes et législatives en France sur la perspective d’une éventuelle cohabitation. Pour Matys Verlant, publier dans TCF renvoie à une conception de la recherche qui doit se faire en co-construction et en dialogue avec ce qui se passe hors les murs de l'université. Il précise aussi que les retours reçus après publication ont contribué à ajuster le fond et la forme de ses communications ultérieures.
Il souligne, enfin, l’effet de réseau qu’offre cette visibilité, notamment auprès de personnes ou d’acteurs susceptibles de nourrir ou relayer ses recherches. Il attribue ainsi la création d’un partenariat avec la Fondation Lilian Thuram à la republication de son article, notamment dans Sud Ouest, sur l’impact du racisme sur le mental des sportifs professionnels. Le champion du monde de football a alors directement contacté le doctorant après avoir lu son article et lui a ouvert son carnet d’adresses de sportifs. Une rencontre mise en avant également dans le rapport d’impact de TCF. Au-delà de cet exemple marquant, The Conversation France offre à chaque chercheuse et chercheur l’opportunité de rendre visibles ses travaux voire de les inscrire dans le débat public quand c’est possible, et ce quel que soit le domaine concerné. 

 

The Conversation, pourquoi pas vous ?

Vous êtes enseignante-chercheuse ou enseignant-chercheur, doctorante ou doctorant, chercheuse ou chercheur à l'université de Bordeaux, vous pouvez vous aussi proposer un article à The Conversation France

  1. Soumettez votre projet d'article sur theconversation.com/fr/pitches
  2. Leur équipe vous répond et vous aide à choisir un angle pour votre article
  3. Proposez une première version de votre article (entre 6 000 et 8 000 signes)
  4. Travaillez avec un journaliste sur votre texte afin d'augmenter vos chances de re-publication dans d'autres médias
  5. Enfin, validez votre article avant sa publication et suivez son évolution à travers une interface personnalisée.
     

 

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    Retrouvez ici les différents articles écrits par des autrices et auteurs du campus bordelais.

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